Bon je vais pas m'excuser de pas avoir écrit depuis quelques temps parce que j'ai pas un lectorat assidu qui me harcèle tous les jours pour une nouvelle note, c'est pas comme si j'avais des comptes à rendre, quoi, mais ce soir, j'ai envie d'écrire.
J'écris ici parce que j'ai des idées de nouvelles que j'arrive pas à concrétiser, je pense trop à Katie Perry et Modern Family et je me demande comment j'arrivais à me contenter du silence avant la découverte du straming. Oui je pense avoir perdu une grande partie de mon intellect depuis l'acquisition de cet appareil maudit. J'étais accro à internet quand j'étais au collège, puis je n'ai plus eu d'ordinateur pendant 3 ans, 3 ans passés à lire et à écouter la radio, et maintenant, je lis Harry Potter et je regarde des séries. Je ne vois pas ça comme un drame, ne vous inquiétez pas, je vois ça comme une pause, je continue à avoir envie d'écrire sur tout ce que je vois dans mes journées, donc ça veut peut etre dire que je ne suis pas totalement perdue, mais j'ai du mal à concrétiser la chose, POINT.
Me voilà donc en Albion depuis un mois et une semaine. Que le temps passe vite, je sais. Les deux (trois?) premières semaines peuvent se résumer en un mot : cauchemar. Je passais mes journées à me demander ce que je foutais là, pourquoi j'avais quitté le confort de mon appartement montpelliérain pour m'expatrier et me greffer dans une maison inconnue où je reproduisais les memes schémas de glande de ma première année de fac. J'avais l'impression d'avoir la pire situation possible (oui, pire que celle d'une orpheline zambienne ou d'un soldat en Afghanistan, on est con quand on déprime) et que tout le monde avait plus de chance que moi.
Et puis il est arrivé un truc que je voyais pas venir. J'avoue, je ris à la gueule de tous ceux qui me disent "mais si, tu verras, c'est génial, ça te vide la tête, c'est bon pour toi" en pensant "mais il m'a vue ou quoi ? c'est pas pour moi, je suis pas comme ça, ça marche peut être sur eux, pas sur moi". Et puis finalement, ça a marché sur moi aussi. Le sport.
Je me suis inscrite dans cette salle pour occuper mes journées (il y a pas tant de séries américaines que ça, finalement, je veux pas épuiser le stock en un mois, et j'étais sur ce chemin, avec le rythme que j'avais).
Pute, que ça a changé ma vie. Bon j'en suis pas encore à la préparation du championnat d'Angleterre de body building, mais aussi Million Dollar Baby-ish que ça puisse sonner, ça fait un peu de bien au moral de réaliser qu'en fait on est physiquement capable de courir plus de 15 minutes et de se ridiculiser en marchant sur place sur une marche en plastique à l'unisson de 5 autres filles en jogging sur de la musique techno.
Bon, l'effet collatéral de l'Angleterre c'est que je me suis mise à avoir besoin de musique française, et comme je suis pas friande de hippies altermondialistes, ça passe par Goldman, Balavoine, Berger et Claude François, et j'ai même pas honte !
jeudi 30 septembre 2010
vendredi 3 septembre 2010
#7 You gave my life direction
Un de mes plus gros sujets de désaccord avec ma mère repose sur cette propension qu'elle a à généraliser chaque observation qu'elle fait sur tous les groupes de personnes dont elle a l'occasion de croiser le chemin.
Pour elle, les suédois sont chaleureux, les indiens sont dignes de confiance, les anglais ont un problème avec l'alcool, les montpéllierains sont superficiels et les français sont cons, dans l'ensemble.
Ca m'énerve ça me fait crisser les dents, ça contracte les muscles de ma mâchoires et ça me plonge dans le questionnement qui régit ma vie "Ouvrir ma gueule ou la fermer?". Parce que je sais que je vais me lancer dans un argumentaire en trois parties, sous paragraphées et que ma production de salive va tripler dans les 10 minutes suivantes pour finir par entendre "Oui mais moi j'ai vécu en [insérer ici le nom du pays] je le sais mieux que toi.
Bon, comme j'ai fini par abandonner l'idée de lui faire comprendre que non, des millions de gens ne peuvent pas tous avoir le même mode de fonctionnement, au même titre que des millions de gens nés le même mois ne peuvent pas être tous gentils, impressionnables, élégants et tournés vers les arts (oui, j'ai pris mon propre signe astrologique pour illustrer mon propos), j'ai décidé que ce point de vue valait le coup d'être testé et que j'allais tenter de comprendre pourquoi l'Angleterre était un pays si particulier à mes yeux, et pourquoi les gens qui y sont nés le sont aussi.
Je ne vais pas mentir, les anglais je les connais surtout à travers leur musique, leurs films et leur vlogs sur Youtube, des anglais, je n'en ai connus personnellement pas plus d'une petite dizaine et aucun suffisamment pour me permettre une observation poussée du specimen.
Mais si il y a une raison pour cet interet que j'ai à les observer, à leur parler et à vivre avec eux, je vais trouver cette raison, ici.
Pour elle, les suédois sont chaleureux, les indiens sont dignes de confiance, les anglais ont un problème avec l'alcool, les montpéllierains sont superficiels et les français sont cons, dans l'ensemble.
Ca m'énerve ça me fait crisser les dents, ça contracte les muscles de ma mâchoires et ça me plonge dans le questionnement qui régit ma vie "Ouvrir ma gueule ou la fermer?". Parce que je sais que je vais me lancer dans un argumentaire en trois parties, sous paragraphées et que ma production de salive va tripler dans les 10 minutes suivantes pour finir par entendre "Oui mais moi j'ai vécu en [insérer ici le nom du pays] je le sais mieux que toi.
Bon, comme j'ai fini par abandonner l'idée de lui faire comprendre que non, des millions de gens ne peuvent pas tous avoir le même mode de fonctionnement, au même titre que des millions de gens nés le même mois ne peuvent pas être tous gentils, impressionnables, élégants et tournés vers les arts (oui, j'ai pris mon propre signe astrologique pour illustrer mon propos), j'ai décidé que ce point de vue valait le coup d'être testé et que j'allais tenter de comprendre pourquoi l'Angleterre était un pays si particulier à mes yeux, et pourquoi les gens qui y sont nés le sont aussi.
Je ne vais pas mentir, les anglais je les connais surtout à travers leur musique, leurs films et leur vlogs sur Youtube, des anglais, je n'en ai connus personnellement pas plus d'une petite dizaine et aucun suffisamment pour me permettre une observation poussée du specimen.
Mais si il y a une raison pour cet interet que j'ai à les observer, à leur parler et à vivre avec eux, je vais trouver cette raison, ici.
mardi 31 août 2010
# 6 I don't want to fall asleep cause i'd miss a thing
On est le premier septembre depuis 5 minutes ici, depuis une heure et 5 minutes là bas, c'est une parfaite date pour commencer un blog, le 1er, n'est-ce pas ? Pour commencer une aventure, un journal de bord, ça aide à compter, à compter les jours depuis qu'on est là, à compter les jours avant de s'en aller.
Pour l'instant je ne compte pas, je laisse filer. Il y a une certaine sensation quand le mois de septembre arrive, de vide chez moi, pas de vide comme dans vacuité, coquille creuse, non, du vide comme dans un un gouffre, observé du haut d'une falaise. Cet inconnu qui est supposé devenir du connu au fil des années, une fois que l'ont est installé, ça devient une routine, Margaux ne fait rien comme les autres, Margaux passe les deux pires mois de son année en Juillet et en Août depuis six ans parce que rien ne se passe jamais comme prévu.
Été 2005 : je m'installe en Grèce pour entamer ma classe de 3ème.
Source de stress : euh déménager chez sa mère dans un pays étranger quand on a 13 ans et de sérieux problèmes de confiance en soi ?
Été 2006 : je passe des vacances dans la nouvelle maison de mon père à Montpellier et j'apprends que je n'ai plus de maison à Athènes.
Source de stress : déménagement non prévu, arrivée dans une nouvelle maison non prévue, inscription dans un nouveau lycée non prévu, comité d'accueil de ma belle famille non prévu
Eté 2007 : je passe en première, l'été se passe plutôt bien, j'ai eu ma dose de stress pendant l'année passée, exceptionnellement, spécialement en Juin quand on me menaçait tous les deux jours de me mettre en internat.
Été 2008 : Hop là ! Internat after all.
Source de stress : quitter mes amis, ma mère, mon frère, mon père, ma soeur (tout le monde habite pas ensemble, oouh, j'ai peur de donner l'impression d'une happy family là) pour me taper 7 heures de train quotidienne en direction de l'internat de Notre Dame de Mende, lycée privée catholique de la capitale administrative de la Lozère, une ville qui compte moins d'habitants que Paul Valery ne compte d'étudiants à Montpellier.
Eté 2009 : Lycée à peine terminé, bac à peine en poche, père et soeur à peine partis pour habiter à Tahiti pour quatre ans, me voilà dans mon premier appart toute seule.
Source de stress : pas voir mon père pendant quatre ans ? Sérieusement ? M'inscrire à la fac toute seule ? Trouver ma voie ? Bosser tout le mois de juillet avec des enfants ? Faire mes courses ? Ma lessive ? Mes papiers ? Et l'argent ? Et la CAF ? Comment on fait ? Et comment on fait quand on a encore besoin d'un bisou sur le front au moment d'aller dormir ?
Eté 2010 : 2010, où l'année où j'ai décidé que je prenais mes propres décisions.
Source de stress : et si ma première grosse décision tournait au fiasco ?
Je l'avoue, c'est ce que j'ai pensé la journée du 26 août, dans le train, Montpellier-Paris, à lire sur mon portable "It's gonna be fine now baby doll", à lever la tête et à voir mon frère mimer la scène de Kick Ass où Super Daddy tire sur Hit Girl. Quand je me suis fait limite engueuler par la douanière de la gare du Nord parce que je lui avais tendu un passeport maculé d'une goutte de transpiration (oui, désolée, moi quand je me tape une correspondance d'une demie heure entre deux gares parisiennes avec trois valises et deux sacs, un jour d'août, en oubliant d'enlever ma veste, je transpire, c'est la vie, c'est peut être dégueu mais deal with it).
C'est aussi ce que j'ai pensé quand je suis arrivée dans ma nouvelle ville en mode tempête de la mer du Nord, quand j'ai vu la taille de ma chambre, quand je me suis retrouvée seule face à mon lit, quand je me suis réveillée le premier matin, quand j'ai passé la première journée en ville, et que j'ai été forcée de constater que c'était pas Londres.
En regardant cette chronologie rapide de mes six derniers étés, je réalise que j'ai toujours du m'adapter à de nouveaux environnements à priori peu accueillants, j'ai survécu, je suis toujours là. J'ai peut-être mis pas mal de choses sur pause, ou en tout cas c'est l'impression que j'ai eu, j'ai peut être voulu beaucoup de choses que je n'ai pas eues, j'ai peut être eu envie de fuir cet endroit dans lequel j'ai vécu trois ans.
Il y a des personnes qui me manquent peut être, des que je suis heureuse d'avoir rencontrées, d'autres que je suis malheureuse de ne pas avoir pu rencontrer, justement.
Mais je ne suis plus triste, plus vraiment, je découvre, j'ai hâte de voir ce que cette année va faire de moi, en quoi elle tournera mon été 2011.
Pour l'instant je ne compte pas, je laisse filer. Il y a une certaine sensation quand le mois de septembre arrive, de vide chez moi, pas de vide comme dans vacuité, coquille creuse, non, du vide comme dans un un gouffre, observé du haut d'une falaise. Cet inconnu qui est supposé devenir du connu au fil des années, une fois que l'ont est installé, ça devient une routine, Margaux ne fait rien comme les autres, Margaux passe les deux pires mois de son année en Juillet et en Août depuis six ans parce que rien ne se passe jamais comme prévu.
Été 2005 : je m'installe en Grèce pour entamer ma classe de 3ème.
Source de stress : euh déménager chez sa mère dans un pays étranger quand on a 13 ans et de sérieux problèmes de confiance en soi ?
Été 2006 : je passe des vacances dans la nouvelle maison de mon père à Montpellier et j'apprends que je n'ai plus de maison à Athènes.
Source de stress : déménagement non prévu, arrivée dans une nouvelle maison non prévue, inscription dans un nouveau lycée non prévu, comité d'accueil de ma belle famille non prévu
Eté 2007 : je passe en première, l'été se passe plutôt bien, j'ai eu ma dose de stress pendant l'année passée, exceptionnellement, spécialement en Juin quand on me menaçait tous les deux jours de me mettre en internat.
Été 2008 : Hop là ! Internat after all.
Source de stress : quitter mes amis, ma mère, mon frère, mon père, ma soeur (tout le monde habite pas ensemble, oouh, j'ai peur de donner l'impression d'une happy family là) pour me taper 7 heures de train quotidienne en direction de l'internat de Notre Dame de Mende, lycée privée catholique de la capitale administrative de la Lozère, une ville qui compte moins d'habitants que Paul Valery ne compte d'étudiants à Montpellier.
Eté 2009 : Lycée à peine terminé, bac à peine en poche, père et soeur à peine partis pour habiter à Tahiti pour quatre ans, me voilà dans mon premier appart toute seule.
Source de stress : pas voir mon père pendant quatre ans ? Sérieusement ? M'inscrire à la fac toute seule ? Trouver ma voie ? Bosser tout le mois de juillet avec des enfants ? Faire mes courses ? Ma lessive ? Mes papiers ? Et l'argent ? Et la CAF ? Comment on fait ? Et comment on fait quand on a encore besoin d'un bisou sur le front au moment d'aller dormir ?
Eté 2010 : 2010, où l'année où j'ai décidé que je prenais mes propres décisions.
Source de stress : et si ma première grosse décision tournait au fiasco ?
Je l'avoue, c'est ce que j'ai pensé la journée du 26 août, dans le train, Montpellier-Paris, à lire sur mon portable "It's gonna be fine now baby doll", à lever la tête et à voir mon frère mimer la scène de Kick Ass où Super Daddy tire sur Hit Girl. Quand je me suis fait limite engueuler par la douanière de la gare du Nord parce que je lui avais tendu un passeport maculé d'une goutte de transpiration (oui, désolée, moi quand je me tape une correspondance d'une demie heure entre deux gares parisiennes avec trois valises et deux sacs, un jour d'août, en oubliant d'enlever ma veste, je transpire, c'est la vie, c'est peut être dégueu mais deal with it).
C'est aussi ce que j'ai pensé quand je suis arrivée dans ma nouvelle ville en mode tempête de la mer du Nord, quand j'ai vu la taille de ma chambre, quand je me suis retrouvée seule face à mon lit, quand je me suis réveillée le premier matin, quand j'ai passé la première journée en ville, et que j'ai été forcée de constater que c'était pas Londres.
En regardant cette chronologie rapide de mes six derniers étés, je réalise que j'ai toujours du m'adapter à de nouveaux environnements à priori peu accueillants, j'ai survécu, je suis toujours là. J'ai peut-être mis pas mal de choses sur pause, ou en tout cas c'est l'impression que j'ai eu, j'ai peut être voulu beaucoup de choses que je n'ai pas eues, j'ai peut être eu envie de fuir cet endroit dans lequel j'ai vécu trois ans.
Il y a des personnes qui me manquent peut être, des que je suis heureuse d'avoir rencontrées, d'autres que je suis malheureuse de ne pas avoir pu rencontrer, justement.
Mais je ne suis plus triste, plus vraiment, je découvre, j'ai hâte de voir ce que cette année va faire de moi, en quoi elle tournera mon été 2011.
jeudi 5 août 2010
#5 You can see that life's for us to talk about
Tiens, j'ai une autre idée de première note pour cet endroit, je pourrais parler des Beatles, parce que ce soir, sur Arte, il y avait un documentaire sur les Beatles, sans aucune chanson (heureusement, sinon j'aurais pleuré) mais avec plein de bouts d'interviews, d'images d'aéroports et de bains de foules dans la rue.
C'est évident que je n'ai pas arrêté de me dire, pendant tout le long du documentaire, que l'histoire aurait été différente si John Lennon n'était pas mort, j'ai eu un petit coup de pression dans la poitrine quand j'ai bien constaté qu'on ne verrait jamais à quoi il aurait ressemblé à 60 ans, les autres choses qu'il aurait composées, les femmes qu'il aurait épousées, les déclarations qu'on lui aurait prêtées.
C'est toujours ça le problème, est-ce que les choses étaient destinées à se passer comme ça ? Est-ce que rien n'était écrit pour John Lennon après le 8 décembre 1980 ? Ou est-ce qu'on a juste manqué une des personnes les plus follement attachantes que le monde artistique ait compté ?
J'ai devant moi une pile de quatre cartons, remplis de livres, de magasines, et de disques, que j'ai emballés rapidement à la fin de l'après midi pour ne pas me laisser le temps de les regarder de trop près et de me demander si j'allais avoir envie de les lire, feuilleter, ou de les écouter une fois que je serai loin d'eux. Et alors que je regarde cette pyramide de souvenirs, je ne me demande pas si je fais bien de partir, je suis juste persuadée que j'aurais mal fait de rester.
Aujourd'hui, demain, et ce jusqu'au jour où je prendrai le train, et certainement quelques jours après mon arrivée dans ma nouvelle ville, je ne réussirai pas à me rappeler ce qui m'a poussé à faire tout ça, et à m'en aller, parce que je ne me rappellerai plus de cette année à ne rien faire de plus constructif que quelques commentaires de textes et contrôles de latin. Je ne me rappellerai plus le sol froid de ma chambre quand je me répandais en larmes et en complaintes adolescentes auprès de ma mère qui n'avait pas d'autre choix que de constater qu'effectivement, cette année a été une grosse blague.
Je ne me rappellerai peut être pas tout de suite à quel point j'ai toujours rêvé de l'Angleterre, qu'importe ce que je laissais derrière moi, c'était pas grave, parce que ce que je trouverais en arrivant serait mieux, parce que ça serait anglais. Mais c'était certainement parce que rien n'était sûr et que je me cachais derrière des textes et des photos d'un pays qui n'était encore qu'un lieu de musique, de films et de séjours épars.
Maintenant c'est vrai, c'est dans 21 jours, et je commence à faire le compte de ce que je laisse derrière moi. De ce qui aurait pu arriver, de ce qui arrivera.
Mais peut être que si il ne s'est rien passé pour moi cette année, c'est parce que rien n'était écrit pour moi, et que j'aurais du le comprendre, ne pas forcer le destin, ne pas m'inscrire bêtement à la fac l'été dernier, et me barrer là où j'ai toujours pensé que je devrais aller.
C'est évident que je n'ai pas arrêté de me dire, pendant tout le long du documentaire, que l'histoire aurait été différente si John Lennon n'était pas mort, j'ai eu un petit coup de pression dans la poitrine quand j'ai bien constaté qu'on ne verrait jamais à quoi il aurait ressemblé à 60 ans, les autres choses qu'il aurait composées, les femmes qu'il aurait épousées, les déclarations qu'on lui aurait prêtées.
C'est toujours ça le problème, est-ce que les choses étaient destinées à se passer comme ça ? Est-ce que rien n'était écrit pour John Lennon après le 8 décembre 1980 ? Ou est-ce qu'on a juste manqué une des personnes les plus follement attachantes que le monde artistique ait compté ?
J'ai devant moi une pile de quatre cartons, remplis de livres, de magasines, et de disques, que j'ai emballés rapidement à la fin de l'après midi pour ne pas me laisser le temps de les regarder de trop près et de me demander si j'allais avoir envie de les lire, feuilleter, ou de les écouter une fois que je serai loin d'eux. Et alors que je regarde cette pyramide de souvenirs, je ne me demande pas si je fais bien de partir, je suis juste persuadée que j'aurais mal fait de rester.
Aujourd'hui, demain, et ce jusqu'au jour où je prendrai le train, et certainement quelques jours après mon arrivée dans ma nouvelle ville, je ne réussirai pas à me rappeler ce qui m'a poussé à faire tout ça, et à m'en aller, parce que je ne me rappellerai plus de cette année à ne rien faire de plus constructif que quelques commentaires de textes et contrôles de latin. Je ne me rappellerai plus le sol froid de ma chambre quand je me répandais en larmes et en complaintes adolescentes auprès de ma mère qui n'avait pas d'autre choix que de constater qu'effectivement, cette année a été une grosse blague.
Je ne me rappellerai peut être pas tout de suite à quel point j'ai toujours rêvé de l'Angleterre, qu'importe ce que je laissais derrière moi, c'était pas grave, parce que ce que je trouverais en arrivant serait mieux, parce que ça serait anglais. Mais c'était certainement parce que rien n'était sûr et que je me cachais derrière des textes et des photos d'un pays qui n'était encore qu'un lieu de musique, de films et de séjours épars.
Maintenant c'est vrai, c'est dans 21 jours, et je commence à faire le compte de ce que je laisse derrière moi. De ce qui aurait pu arriver, de ce qui arrivera.
Mais peut être que si il ne s'est rien passé pour moi cette année, c'est parce que rien n'était écrit pour moi, et que j'aurais du le comprendre, ne pas forcer le destin, ne pas m'inscrire bêtement à la fac l'été dernier, et me barrer là où j'ai toujours pensé que je devrais aller.
lundi 26 juillet 2010
#4 Enfin je pense, hein.
Voilà comment j'aurais commencé cette note si elle avait été la première de ce blog (parce qu'elle aurait pu être la pemière !).
Dans un mois très exactement, je quitterai la France, dans un mois exactement, à cette heure ci, je serai certainement dans une chambre qui sera la mienne, dans une ville qui sera la mienne, dans un pays qui sera le mien pour un an.
J'aurai fait connaissance avec la famille depuis quelques heures, nous aurons dîné, discuté, les parents m'auront même proposé de fumer une cigarette dans le jardin après le repas, et puis quelqu'un étant allé prendre une douche, et la salle à manger étant devenue déserte, je n'aurai pas trouvé opportun de rester seule et je serai monter à l'étage pour tester la connexion wi-fi dans ma chambre.
Dans un mois et un jour, je me réveillerai, le 27 août, dans un lit qui non identifié, je me demanderai pendant quelques instants où je suis, d'où viennent ces bruits de vaisselles tellement significatifs de l'heure du petit déjeuner, immobile dans mon lit, je me rappellerai que je suis dans ma nouvelle maison, les larmes monteront certainement l'espace de quelques secondes puis je me souviendrai que c'est moi qui ai décidé de venir ici, alors ça ne sera pas le moment pleurer. Et puis je me lèverai. Je m'habillerai bien, c'est quand même le tout début, il faut faire bonne impression et puis je profite d'avoir des habits propres pour montrer aux anglais que les françaises s'habillent exclusivement de rayure (oui je songe à mettre ma robe à rayures noires le premier matin dans ma nouvelle famille).
Et je prendrai le premier petit déjeuner anglais de ma nouvelle année anglaise !
Dans un mois très exactement, je quitterai la France, dans un mois exactement, à cette heure ci, je serai certainement dans une chambre qui sera la mienne, dans une ville qui sera la mienne, dans un pays qui sera le mien pour un an.
J'aurai fait connaissance avec la famille depuis quelques heures, nous aurons dîné, discuté, les parents m'auront même proposé de fumer une cigarette dans le jardin après le repas, et puis quelqu'un étant allé prendre une douche, et la salle à manger étant devenue déserte, je n'aurai pas trouvé opportun de rester seule et je serai monter à l'étage pour tester la connexion wi-fi dans ma chambre.
Dans un mois et un jour, je me réveillerai, le 27 août, dans un lit qui non identifié, je me demanderai pendant quelques instants où je suis, d'où viennent ces bruits de vaisselles tellement significatifs de l'heure du petit déjeuner, immobile dans mon lit, je me rappellerai que je suis dans ma nouvelle maison, les larmes monteront certainement l'espace de quelques secondes puis je me souviendrai que c'est moi qui ai décidé de venir ici, alors ça ne sera pas le moment pleurer. Et puis je me lèverai. Je m'habillerai bien, c'est quand même le tout début, il faut faire bonne impression et puis je profite d'avoir des habits propres pour montrer aux anglais que les françaises s'habillent exclusivement de rayure (oui je songe à mettre ma robe à rayures noires le premier matin dans ma nouvelle famille).
Et je prendrai le premier petit déjeuner anglais de ma nouvelle année anglaise !
mercredi 21 juillet 2010
#3 Je ne veux plus jamais te revoir.
A la réflexion, c'est ce message qui aurait tout aussi bien pu ouvrir ce blog, et ça aurait été un point de départ tout aussi satisfaisant pour l'histoire de mon année de jeune fille au pair. Ce soir c'est le soir où je n'ai plus aussi envie de partir.
Et étrangement, ça n'est pas parce que j'ai trop de belles choses à laisser derrière moi en quittant cette ville, non, c'est parce que depuis un peu plus de 24h, j'ai le sentiment d'être plus seule que jamais.
J'ai entendu récemment une discussion faisant écho au face à face entre Eric Zemmour et Isabelle Alonso, les gens disaient tous qu'ils se fichaient de la vie de cette femme, et qu'une autobiographie, quand on a rien à dire, ça n'excuse même pas une certaine aisance à l'écrit, alors quand on n'intéresse personne, on ferme sa gueule.
La vie d'Isabelle Alonso ne m'intéresse pas, mais je pense pas pour autant qu'il faille qu'elle ferme sa gueule.
Depuis que je sais écrire, j'écris quelques histoires, certes, mais seulement quand on m'oblige. Rédactions, concours, jeux. Mais le reste de mon temps, je le passe à écrire sur moi. Que ça soit Margaux, Jeanne ou Je, c'est tout le temps moi, et si j'en crois la masse blogosphérique, je ne suis pas la seule à trouver là dedans une activité convenable.
Je ne pense pas que ça soit du narcissisme, pas vraiment. Parfois certainement. Comme quand, à l'âge de 12 ans, j'annonçais mon passage en classe de 4ème avec renfort de bananes dansantes et de détails sur ma moyenne générale. La, oui, mon but était clairement de me la péter. Le reste du temps, c'est juste un incroyable besoin d'être lue, qui fait que j'ai écrit, à certaines périodes, sur moi, moi et moi toute seule (malgré la folle vacuité de ma vie à ce moment là) parce que je n'avais rien d'autre à dire. Tout simplement.
Tout ça pour dire que ce soir j'ai un petit moins envie de partir.
Je ne sais pas si les larmes que je verse si facilement et qui énervent tellement mon entourage, si les kilos que je prends aussi vite, que les cahiers, que je remplis depuis aussi longtemps sont ma réaction à ces 6 ans de galère post-divorce. Je ne sais pas non plus comment mes parents ont fait (des gens si intelligents) pour réunir, dans cette séparation (!), autant de clichés, autant d'erreurs si souvent listés dans les feuilletons et les films, comment ils ont fait pour réussir aussi bien cette photo du divorce le plus raté qui soit.
Je me demande si j'arrive à faire passer, à travers ce clavier, toute ma sincérité concernant cette situation. Ce que je sais, c'est que j'ai peur d'envoyer ma lettre de préavis et de faire mes cartons toute seule, de rendre les clés de mon appartement toute seule, de prendre le train toute seule, de commencer cette nouvelle vie toute seule, sans papa, sans maman, qui à leur manière, tous les deux, m'ont fait comprendre qu'ils ne me devaient plus rien.
Je retire ce que j'ai dit, je n'ai pas "plus envie d'y aller". C'est juste que quand ma mère était là, elle me rassurait, elle m'empêchait de ressentir la peur qui a envahit toutes les cellules de ma peau maintenant qu'elle n'est plus là.
Et étrangement, ça n'est pas parce que j'ai trop de belles choses à laisser derrière moi en quittant cette ville, non, c'est parce que depuis un peu plus de 24h, j'ai le sentiment d'être plus seule que jamais.
J'ai entendu récemment une discussion faisant écho au face à face entre Eric Zemmour et Isabelle Alonso, les gens disaient tous qu'ils se fichaient de la vie de cette femme, et qu'une autobiographie, quand on a rien à dire, ça n'excuse même pas une certaine aisance à l'écrit, alors quand on n'intéresse personne, on ferme sa gueule.
La vie d'Isabelle Alonso ne m'intéresse pas, mais je pense pas pour autant qu'il faille qu'elle ferme sa gueule.
Depuis que je sais écrire, j'écris quelques histoires, certes, mais seulement quand on m'oblige. Rédactions, concours, jeux. Mais le reste de mon temps, je le passe à écrire sur moi. Que ça soit Margaux, Jeanne ou Je, c'est tout le temps moi, et si j'en crois la masse blogosphérique, je ne suis pas la seule à trouver là dedans une activité convenable.
Je ne pense pas que ça soit du narcissisme, pas vraiment. Parfois certainement. Comme quand, à l'âge de 12 ans, j'annonçais mon passage en classe de 4ème avec renfort de bananes dansantes et de détails sur ma moyenne générale. La, oui, mon but était clairement de me la péter. Le reste du temps, c'est juste un incroyable besoin d'être lue, qui fait que j'ai écrit, à certaines périodes, sur moi, moi et moi toute seule (malgré la folle vacuité de ma vie à ce moment là) parce que je n'avais rien d'autre à dire. Tout simplement.
Tout ça pour dire que ce soir j'ai un petit moins envie de partir.
Je ne sais pas si les larmes que je verse si facilement et qui énervent tellement mon entourage, si les kilos que je prends aussi vite, que les cahiers, que je remplis depuis aussi longtemps sont ma réaction à ces 6 ans de galère post-divorce. Je ne sais pas non plus comment mes parents ont fait (des gens si intelligents) pour réunir, dans cette séparation (!), autant de clichés, autant d'erreurs si souvent listés dans les feuilletons et les films, comment ils ont fait pour réussir aussi bien cette photo du divorce le plus raté qui soit.
Je me demande si j'arrive à faire passer, à travers ce clavier, toute ma sincérité concernant cette situation. Ce que je sais, c'est que j'ai peur d'envoyer ma lettre de préavis et de faire mes cartons toute seule, de rendre les clés de mon appartement toute seule, de prendre le train toute seule, de commencer cette nouvelle vie toute seule, sans papa, sans maman, qui à leur manière, tous les deux, m'ont fait comprendre qu'ils ne me devaient plus rien.
Je retire ce que j'ai dit, je n'ai pas "plus envie d'y aller". C'est juste que quand ma mère était là, elle me rassurait, elle m'empêchait de ressentir la peur qui a envahit toutes les cellules de ma peau maintenant qu'elle n'est plus là.
samedi 3 juillet 2010
# 2 Non merci, pas besoin de l'assurance annulation
Bon, ok, aujourd'hui aurait pu tout aussi bien être le point de départ de mon année et de ce blog parce que c'est aujourd'hui que j'ai acheté mon billet de train. Et si j'avais vraiment commencé aujourd'hui, j'aurais pu user d'un petit effet de style du genre "mais pour comprendre, il faut revenir quelques jours en arrière", et là j'aurais parlé du jour où on m'a appelé pour me dire que c'était bon, que la famille me voulait et que je partais dans deux mois !
Mais non, j'ai eu envie de faire cette première note l'autre soir et aujourd'hui je n'ai plus vraiment peur. C'est vrai, depuis que cette histoire de départ est dans l'air, je suis passée par des stades plutôt différents. L'indifférence (parce que rien n'était concret, c'est quoi ce site qui m'envoie un questionnaire, j'ai juste demandé de la documentation moi), le doute (oula, c'est quoi ces chèques que je dois envoyer, est-ce que j'ai vraiment envie de partir, les moyens, est-ce que j'ai envie de passer mon été à me débattre avec les lettres de préavis, les cartons, les résiliations, billets de train, et à compter toutes les dernières fois que je ferai les choses?) l'excitation (L'ANGLETERRE ? POUR MOI TOUTE SEULE!?) la peur (euh et mon frère et mes amis, je les case où dans l'histoire ? Et si ça se passe mal ? Le premier soir, je suis presque entièrement sûre de pleurer au moment de m'endormir toute seule dans la nouvelle chambre. Le premier matin je suis presque entièrement sûre d'avoir peur de descendre dans la cuisine pour m'annoncer), la plénitude (ayé, acheté le billet, je pars à Londres dans un peu moins de deux mois, ça va bien se passer, tout le monde me l'a dit ! Et puis de toute façon je peux pas faire marche arrière).
Parce que c'est ça qui débute aussi avec le jour où on vous appelle pour vous dire que vous partez, c'est la longue liste des choses que vous faites pour la dernière fois.
Mercredi, ça a été ma dernière journée d'animatrice au centre aéré où je travaille depuis plus d'un an, je pensais pleurer et m'enchaîner au portail de l'école pour ne pas partir, mais finalement, dire au revoir aux enfants a été plus facile que ce que j'imaginais, je me suis promis (je leur ai rien promis à eux, ils s'en foutent) que j'allais leur écrire pour suivre leur vie de collégien à la manière de ma maîtresse de CM1 qui m'envoyait des lettres pour me dire qu'écrire en détaché m'allait bien, et que la rentrée en sixième allait très bien se passer.
Mais non, j'ai eu envie de faire cette première note l'autre soir et aujourd'hui je n'ai plus vraiment peur. C'est vrai, depuis que cette histoire de départ est dans l'air, je suis passée par des stades plutôt différents. L'indifférence (parce que rien n'était concret, c'est quoi ce site qui m'envoie un questionnaire, j'ai juste demandé de la documentation moi), le doute (oula, c'est quoi ces chèques que je dois envoyer, est-ce que j'ai vraiment envie de partir, les moyens, est-ce que j'ai envie de passer mon été à me débattre avec les lettres de préavis, les cartons, les résiliations, billets de train, et à compter toutes les dernières fois que je ferai les choses?) l'excitation (L'ANGLETERRE ? POUR MOI TOUTE SEULE!?) la peur (euh et mon frère et mes amis, je les case où dans l'histoire ? Et si ça se passe mal ? Le premier soir, je suis presque entièrement sûre de pleurer au moment de m'endormir toute seule dans la nouvelle chambre. Le premier matin je suis presque entièrement sûre d'avoir peur de descendre dans la cuisine pour m'annoncer), la plénitude (ayé, acheté le billet, je pars à Londres dans un peu moins de deux mois, ça va bien se passer, tout le monde me l'a dit ! Et puis de toute façon je peux pas faire marche arrière).
Parce que c'est ça qui débute aussi avec le jour où on vous appelle pour vous dire que vous partez, c'est la longue liste des choses que vous faites pour la dernière fois.
Mercredi, ça a été ma dernière journée d'animatrice au centre aéré où je travaille depuis plus d'un an, je pensais pleurer et m'enchaîner au portail de l'école pour ne pas partir, mais finalement, dire au revoir aux enfants a été plus facile que ce que j'imaginais, je me suis promis (je leur ai rien promis à eux, ils s'en foutent) que j'allais leur écrire pour suivre leur vie de collégien à la manière de ma maîtresse de CM1 qui m'envoyait des lettres pour me dire qu'écrire en détaché m'allait bien, et que la rentrée en sixième allait très bien se passer.
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