lundi 26 juillet 2010

#4 Enfin je pense, hein.

Voilà comment j'aurais commencé cette note si elle avait été la première de ce blog (parce qu'elle aurait pu être la pemière !).

Dans un mois très exactement, je quitterai la France, dans un mois exactement, à cette heure ci, je serai certainement dans une chambre qui sera la mienne, dans une ville qui sera la mienne, dans un pays qui sera le mien pour un an.
J'aurai fait connaissance avec la famille depuis quelques heures, nous aurons dîné, discuté, les parents m'auront même proposé de fumer une cigarette dans le jardin après le repas, et puis quelqu'un étant allé prendre une douche, et la salle à manger étant devenue déserte, je n'aurai pas trouvé opportun de rester seule et je serai monter à l'étage pour tester la connexion wi-fi dans ma chambre.

Dans un mois et un jour, je me réveillerai, le 27 août, dans un lit qui non identifié, je me demanderai pendant quelques instants où je suis, d'où viennent ces bruits de vaisselles tellement significatifs de l'heure du petit déjeuner, immobile dans mon lit, je me rappellerai que je suis dans ma nouvelle maison, les larmes monteront certainement l'espace de quelques secondes puis je me souviendrai que c'est moi qui ai décidé de venir ici, alors ça ne sera pas le moment pleurer. Et puis je me lèverai. Je m'habillerai bien, c'est quand même le tout début, il faut faire bonne impression et puis je profite d'avoir des habits propres pour montrer aux anglais que les françaises s'habillent exclusivement de rayure (oui je songe à mettre ma robe à rayures noires le premier matin dans ma nouvelle famille).

Et je prendrai le premier petit déjeuner anglais de ma nouvelle année anglaise !

mercredi 21 juillet 2010

#3 Je ne veux plus jamais te revoir.

A la réflexion, c'est ce message qui aurait tout aussi bien pu ouvrir ce blog, et ça aurait été un point de départ tout aussi satisfaisant pour l'histoire de mon année de jeune fille au pair. Ce soir c'est le soir où je n'ai plus aussi envie de partir.

Et étrangement, ça n'est pas parce que j'ai trop de belles choses à laisser derrière moi en quittant cette ville, non, c'est parce que depuis un peu plus de 24h, j'ai le sentiment d'être plus seule que jamais.
J'ai entendu récemment une discussion faisant écho au face à face entre Eric Zemmour et Isabelle Alonso, les gens disaient tous qu'ils se fichaient de la vie de cette femme, et qu'une autobiographie, quand on a rien à dire, ça n'excuse même pas une certaine aisance à l'écrit, alors quand on n'intéresse personne, on ferme sa gueule.
La vie d'Isabelle Alonso ne m'intéresse pas, mais je pense pas pour autant qu'il faille qu'elle ferme sa gueule.

Depuis que je sais écrire, j'écris quelques histoires, certes, mais seulement quand on m'oblige. Rédactions, concours, jeux. Mais le reste de mon temps, je le passe à écrire sur moi. Que ça soit Margaux, Jeanne ou Je, c'est tout le temps moi, et si j'en crois la masse blogosphérique, je ne suis pas la seule à trouver là dedans une activité convenable.
Je ne pense pas que ça soit du narcissisme, pas vraiment. Parfois certainement. Comme quand, à l'âge de 12 ans, j'annonçais mon passage en classe de 4ème avec renfort de bananes dansantes et de détails sur ma moyenne générale. La, oui, mon but était clairement de me la péter. Le reste du temps, c'est juste un incroyable besoin d'être lue, qui fait que j'ai écrit, à certaines périodes, sur moi, moi et moi toute seule (malgré la folle vacuité de ma vie à ce moment là) parce que je n'avais rien d'autre à dire. Tout simplement.

Tout ça pour dire que ce soir j'ai un petit moins envie de partir.

Je ne sais pas si les larmes que je verse si facilement et qui énervent tellement mon entourage, si les kilos que je prends aussi vite, que les cahiers, que je remplis depuis aussi longtemps sont ma réaction à ces 6 ans de galère post-divorce. Je ne sais pas non plus comment mes parents ont fait (des gens si intelligents) pour réunir, dans cette séparation (!), autant de clichés, autant d'erreurs si souvent listés dans les feuilletons et les films, comment ils ont fait pour réussir aussi bien cette photo du divorce le plus raté qui soit.


Je me demande si j'arrive à faire passer, à travers ce clavier, toute ma sincérité concernant cette situation. Ce que je sais, c'est que j'ai peur d'envoyer ma lettre de préavis et de faire mes cartons toute seule, de rendre les clés de mon appartement toute seule, de prendre le train toute seule, de commencer cette nouvelle vie toute seule, sans papa, sans maman, qui à leur manière, tous les deux, m'ont fait comprendre qu'ils ne me devaient plus rien.

Je retire ce que j'ai dit, je n'ai pas "plus envie d'y aller". C'est juste que quand ma mère était là, elle me rassurait, elle m'empêchait de ressentir la peur qui a envahit toutes les cellules de ma peau maintenant qu'elle n'est plus là.

samedi 3 juillet 2010

# 2 Non merci, pas besoin de l'assurance annulation

Bon, ok, aujourd'hui aurait pu tout aussi bien être le point de départ de mon année et de ce blog parce que c'est aujourd'hui que j'ai acheté mon billet de train. Et si j'avais vraiment commencé aujourd'hui, j'aurais pu user d'un petit effet de style du genre "mais pour comprendre, il faut revenir quelques jours en arrière", et là j'aurais parlé du jour où on m'a appelé pour me dire que c'était bon, que la famille me voulait et que je partais dans deux mois !

Mais non, j'ai eu envie de faire cette première note l'autre soir et aujourd'hui je n'ai plus vraiment peur. C'est vrai, depuis que cette histoire de départ est dans l'air, je suis passée par des stades plutôt différents. L'indifférence (parce que rien n'était concret, c'est quoi ce site qui m'envoie un questionnaire, j'ai juste demandé de la documentation moi), le doute (oula, c'est quoi ces chèques que je dois envoyer, est-ce que j'ai vraiment envie de partir, les moyens, est-ce que j'ai envie de passer mon été à me débattre avec les lettres de préavis, les cartons, les résiliations, billets de train, et à compter toutes les dernières fois que je ferai les choses?) l'excitation (L'ANGLETERRE ? POUR MOI TOUTE SEULE!?) la peur (euh et mon frère et mes amis, je les case où dans l'histoire ? Et si ça se passe mal ? Le premier soir, je suis presque entièrement sûre de pleurer au moment de m'endormir toute seule dans la nouvelle chambre. Le premier matin je suis presque entièrement sûre d'avoir peur de descendre dans la cuisine pour m'annoncer), la plénitude (ayé, acheté le billet, je pars à Londres dans un peu moins de deux mois, ça va bien se passer, tout le monde me l'a dit ! Et puis de toute façon je peux pas faire marche arrière).

Parce que c'est ça qui débute aussi avec le jour où on vous appelle pour vous dire que vous partez, c'est la longue liste des choses que vous faites pour la dernière fois.

Mercredi, ça a été ma dernière journée d'animatrice au centre aéré où je travaille depuis plus d'un an, je pensais pleurer et m'enchaîner au portail de l'école pour ne pas partir, mais finalement, dire au revoir aux enfants a été plus facile que ce que j'imaginais, je me suis promis (je leur ai rien promis à eux, ils s'en foutent) que j'allais leur écrire pour suivre leur vie de collégien à la manière de ma maîtresse de CM1 qui m'envoyait des lettres pour me dire qu'écrire en détaché m'allait bien, et que la rentrée en sixième allait très bien se passer.